Suite de nos pérégrinations en Oklahoma
Jour 18 : Coyotes et lutte des classes
Cinq heures du matin. Nous sautons dans la voiture pour saluer le soleil depuis une butte sacrée indiquée par John Maker (lire Jour 17). Nous tournons autour, suivant des pistes poussiéreuses, croisant coyotes, biches et tatous. Las, le site est cerné par les barbelés. Les No trespassing, Dead end et Private property nous conseillent la prudence. Nous n’avons pas l’intention de finir pendus haut et court. Donc demi-tour.
Aujourd’hui, nous retrouvons Sam Joyner à Tulsa, la grosse ville du coin. Sam est photographe et collectionneur d’art. Il a conçu sa maison autour de la photographie. Au-milieu de ses propres œuvres, nous croisons Sinatra au resto, Ray Charles au piano et Ira Tupper, un sans-abri, poches bourrées de canettes et trogne burinée par le houblon et le mauvais whiskey. Son visage en noir et blanc inspire le respect.
L’histoire de ce vagabond accompagne son portrait. Un soir de novembre, empêché de rentrer chez lui par une décision de justice, il s’est réfugié dans une carcasse de pick-up abandonné. On l’a retrouvé, le lendemain, mort de froid. Pas étonnant que Sam, autrefois juge fédéral, ait été touché par cette tragédie.
Ici, la pauvreté est omniprésente. Drogue. Alcool. Violences conjugales. Tous, Blancs comme Indiens sont touchés. Mais les Indiens, comme d’habitude, trinquent plus que les autres. Pour preuve, les viols se multiplient sur les terres sous juridiction indienne. La raison est simple : les prédateurs blancs, grâce à un vide juridique, peuvent agir en toute impunité (ou presque). Ils se refileraient même le tuyau sur le dark web.
Glaçant…