Je suis ce que fait Françoise Michaud depuis longtemps. Son travail me touche et m’intéresse parce que j’y vois un mariage harmonieux et tourmenté à la fois entre calligraphie, peinture et collage ; entre cadre et mouvement, stabilité et chaos, application et folie. Chez cette artiste, les dérapages sont toujours contrôlés, mais ils remuent.
Ma nouvelle est le résultat d’une commande. Françoise Michaud m’a demandé de lui « écrire quelque chose sur le bleu, la couleur bleu », afin qu’elle puisse travailler à partir de textes différents de ceux qu’elle a l’habitude de calligraphier. Il est toujours excitant pour un artiste d’en rencontrer un autre, de se laisser déstabiliser… Nous n’avions aucun projet d’exposition à ce stade. Je n’envisageais même pas le format « nouvelle ».
En bon Toulousain, j’ai immédiatement pensé au pastel. Puis j’ai voulu travailler sur le mot lui-même, les connotations qu’il véhicule, les usages qui en sont faits dans la langue française etc. Or, les expressions faisant référence à la couleur bleu ne manquent pas, et parmi elles « une peur bleue », sur laquelle je me suis arrêté. J’ai beau faire, je ne peux pas lutter contre mon inclination naturelle à écrire du noir… Quoi que je fasse, je bascule du côté obscur du miroir, dans le bleu foncé en l’occurrence. Je crois que le texte a tout d’abord dérouté Françoise Michaud. Et puis elle a fait comme moi : elle s’est emparée de ce que je lui proposais et l’a transformé en douze tableaux qui lui ressemblent.
Lors du dernier festival Toulouse Polars du Sud, à l’occasion du vernissage de l’exposition au Père Peinard, Hugo Soumet a réalisé une performance artistique en live pendant la lecture de la nouvelle « Une peur bleue ».

